Aimeriez-vous que votre page web apparaisse dans l’index de recherche?
Etes-vous auteur/autrice ou éditeur/éditrice ou avez-vous le projet d’un livre ou d’une publication ?
Un, deux, trois...
BookfinderAuteurs
«Mi-laine brun, mi-laine gris, couper, tailler, coudre, mesurer. Non, ce n'était pas tout. Avec la pire existence, on peut tricher. Elle trichait beaucoup.»
Chronique de la vie de trois familles rivales à La Chaux-de-Fonds et dans le Jura neuchâtelois (même si les lieux ne sont jamais nommée), «Bois-Mort» marque le début d'un cycle inachevé qui se poursuit dans trois autres romans que l'on peut lire indépendamment. Entre les Alérac, les Balagny et les Graew se noue la chaîne de la frustration. Car, chez Saint-Hélier, les personnages vivent tous des amours qui ne s'accordent jamais – l'avarice et le besoin de possession en sont les corollaires. Ce roman au goût de terre, de pluie, de bois humide et d'humus se déroule sur vingt-quatre heures. Sa structure résolument moderne, inspirée du Mrs. Dalloway de Virginia Woolf, fait polémique à l'époque où le livre est pressenti pour les prix Goncourt et Femina. Le lecteur rendu actif, se laisse entraîner par une narration fragmentée à travers le flux de conscience de plusieurs personnages, et regroupe seul les pièces du puzzle pour obtenir une image d'ensemble. Ce qu'on reproche alors à «Bois-Mort» (son «mauvais goût», son absence d'histoire, le «néant de son récit») montre que son écriture envoûtante et évocatrice était en avance sur son temps. Dès la deuxième page, la simple évocation d'un long fil blanc, oublié sur le pantalon d'un homme, suffit à exprimer la hantise du corps et la peur du désir chez sa jeune fiancée. La violence sous-jacente des images, leur liberté expliquent que ce roman, traduit en cinq langues du vivant de l'auteur, ait gardé intact son pouvoir de fascination.
(Julien Burri)
Ce texte a été publié pour la première fois en 2013 dans L'Hebdo Hors-série «Littérature Suisse, 100 livres essentiels».
B. Grasset, Paris 1934
ISBN: 2-07-031675-0