L’histoire est représentative du recueil : la fin surprenante, les phrases courtes et précises, l’idylle rurale au sein de laquelle les petits comme les grands secrets ne sont que provisoirement gardés. Helen Meier parle sans ménagement, mais jamais avec mépris, de vieillards esseulés, de handicapés marginaux et de citoyens honnêtes. Ils vivent enfermés dans une structure ordonnée, certes sécurisante, mais dont la prévenance oppressante provoque angoisse et désespoir. La vie semble passer sans que leurs attentes de bonheur ne se comblent. Ils, se sont des enfants retardés, des veufs lubriques et des vieilles femmes en colère, qui affirment leur droit au sexe et à l’amour et craignent en même temps le contact et l’affection. La narratrice se fond volontiers en eux afin d’accentuer l’intransigeance de son regard et d’aiguiser son vocabulaire tranchant.
(Beat Mazenauer, traduit par Marie Fleury Wullschleger)
Traduction du titre: Trockenwiese
Ed. Zoé, Carouge-Genève 1993
ISBN: 978-2-88182-180-4