Sociologiquement, cherche-t-on à montrer les attributs de pouvoir et de prestige que les hommes peuvent brandir quand ils se mesurent les uns aux autres ? Psychologiquement, nous montre-t-on la vacuité de l’homme et la futilité de ses besoins de grandeurs ? Mais là, nous devenons les joueurs des pièces que nous assemblons. Serait-ce l’échange entre un spécialiste du livre et un architecte avec, d’un côté, la recherche d’équilibre de l’image en regard des déséquilibres du corps central réel des bâtiments, et, de l’autre, le dialogue entre le dessin qui se complexifie et les légendes textuelles? Est-ce un plaisir sémiotique où finalement la rivalité se stoppe par la limite de la page ? Page qui se transforme en cadre de tableau. Tableau qui fige l’instant fugace de l’équilibre.
Mais arrêtons ce jeu d’adultes. C’est tout ça et encore tout autre chose. Mais alors comment comprendre la fin qui montre des sangliers dévorant dans les bois la pizza qu’ils ont volée au pied de la tour ? Serait-ce l’animal qui se laisse séduire par les aliments transformés des humains ? Nous rappelle-t-on les plaisirs oubliés du manger ensemble ? Ou alors serait-ce la sagesse qui se retrouve réunie autour d’un repas apprêté ? Entre ascension et chute, équilibre et déséquilibre, espace restreint et espace infini, avec le jeu du noir et du blanc, les interprétations du lecteur s’emballent.
Allez assez réfléchi. Il n’est pas question de folie ; mais simplement d’hommes sur lesquels on pose un regard amusé. C’est avec délices que nous retrouvons la griffe de Germano Zullo et le trait d’Albertine, aériens et joueurs. Complices, ils nous invitent à construire notre propre interprétation.
Carole-Anne Deschoux
(Quelle SIKJM)
La Joie de lire, Genève 2011
ISBN: 978-2-88908-078-6