Il y a enfin cette écriture unique, presque une prière psalmodiée, juive absolument en sa référence au Très-Haut, et universelle en sa volonté de toucher au coeur. Il n'y a guère de livres que l'on a envie de lire à voix haute, presque à crier de beauté. C'en est un, et «Belle du seigneur», succès colossal et prix de l'Académie française en 1968, couronna Cohen comme l'un des plus grands écrivains du XXe siècle. Si le génie stylistique d'un Céline fut aussi l'écriture de la haine antisémite, celui de Cohen fut le choix de la bonté, de l'ensoleillement lucide. Car il n'y a pas trace ici pour la mièvrerie : juste apprendre à mourir, et allant vers cette fin, aimer ses frères humains.
Extraordinaire roman-fleuve, une écriture psalmodiée comme une longue prière, et l'amour pour se préparer à la mort.
(Christophe Passer)
Ce texte a été publié pour la première fois en 2013 dans L'Hebdo Hors-série «Littérature Suisse, 100 livres essentiels».
Gallimard, Paris 1968
ISBN: 978-2-07-040402-5